Une amie, qui vit une partie du temps Outre Atlantique, me signalait la
vitalité surprenante là-bas de l'édition de livres consacrés à la créativité.
Selon elle, cet intérêt viendrait du fait que les Américains ont une histoire courte. Cette absence de
traditions qui s'inscrivent sur des millénaires produirait aussi le fait de ne pas être entravé par divers freins et le besoin de se créer une histoire collective. Les Américains sont effectivement des "raconteurs d’histoires", avec une forte culture de la narration (dans les romans, dans les films, dans la manière de communiquer...). C’est d'ailleurs d'eux que vient le storytelling. Les storytellers, les raconteurs d'histoire (qui ne sont pas uniquement des conteurs), fédérés au sein de dizaines d'organisations et d'associations, se produisent dans des festivals très courus, dans lesquels se mêlent aussi des amateurs. Il est intéressant de comparer les articles de Wikipédia en anglais et en français (puisque le terme est entré dans la langue). Le français a retenu le terme storytelling au sens de "communication d'entreprise" et il est, à ce titre, décrié comme étant de la manipulation.
Pour revenir à la créativité, celle-ci est beaucoup plus valorisée à l’école (lorsqu’on peut la payer), les livres
sortent plus des cadres un peu fermés et répétitif de l'édition française. J’ai
fait une petite recherche internet à partir des termes book et creativity en obtenant 149 000 000 résultats ! Les
mêmes termes en français produisent 3 890 000 réponses. La grandeur du marché que permet l'anglais n'est manifestement pas la seule raison de cet écart. Et ce n’est pas la seule différence. Les
ouvrages américains parlent plus souvent d’écriture, d’art de créativité au sens
large. Les
références françaises portent plus sur l’innovation.