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Une coupe de kava, photo du Pacificguardian.org |
Le
kava, le poivrier du Pacifique, la fameuse plante aux vertus relaxantes, ne serait plus interdit en Allemagne. La cour
fédérale administrative de Cologne a donné son verdict : ce bannissement,
survenu en 2001, est inapproprié. Il
aura fallu douze ans pour rétablir la vérité. En fait sous la pression des
exportateurs de kava en Europe et aux Etats-Unis, dans les années 2000, du
mauvais kava (le bad kava) était
mélangé avec le bon. De même que des parties inutilisables, comme les tiges,
faisaient aussi parti du voyage. Résultat : plusieurs cas
d’hépatites graves ont touchés des consommateurs en Allemagne, où la planté
était utilisée comme anxiolytique. Mais seul quatre cas sur les vingt-six
annoncés seraient réellement liés à l’ingestion de gélules de kava
Curieux
comme les autorités sanitaires se sont empressées de déclarer le kava persona
non grata dans tous les pays occidentaux, alors que le mediator, en France, a
pu régner une trentaine d’années et
faire près de 2000 victimes (il aurait dû être retiré en 1999, il l’a été en
2009…).
On
ne s’est pas vraiment demandé pourquoi les populations du Pacifique consomment tranquillement
leur breuvage extrait des racines de kava depuis près de 3000 ans sans aucun
souci (sauf dans le contexte urbain, lorsqu’il est bu de manière non ritualisé,
c’est à dire en surconsommation). Peut-être a-t-on pensé que leur foie était
différent ?
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Préparation du kava, blog du Fijione.tv |
Lorsqu’en
2008, j’avais interrogé l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments)
sur ce qu’allait faire la France alors que l’Allemagne commençait à revenir en
arrière, la réponse était claire : le kava resterait sur la liste B. Celle
des produits dont « les bénéfices étaient moindres que les risques ».
Seulement les Allemands ont aussi appris que des recherches menées dans une
université du Minnesota montrent que le poivrier pourrait contenir des
substances anti-cancéreuses. Le Centre pour la
recherche sur le cancer de Saitama au Japon associé à l’université du Pacifique à Fidji est aussi sur
cette piste. Ce qui modifierait fortement la donne. Est-ce la raison
pour laquelle la Cour fédérale de Cologne est revenue sur cette interdiction
qui a lourdement grevée l’économie des petits états du Pacifique ?
Ces
douze ans de mise à l’écart ont, du moins, permis de se poser les bonnes
questions et de travailler sur une sorte d’AOC du kava. Car il est certain que
la traçabilité doit être parfaite. Mais interdit-on le vin alors que des millions
de personnes sont alcooliques ou parce que l’on vend de la piquette qui, elle,
attaque vraiment le foie ?
Nous
allons suivre dorénavant la nouvelle épopée
du kava. Rendez-vous sur le blog du kava, la boisson des ancêtres et des
dieux.