Le cercle de vie sacré : au Canada, management et savoirs traditionnels


De quelle manière les conflagrations actuelles vont-elles reconfigurer le modèle de « développement » à l’occidental ? Ces orages sont-ils passagers comme le déclinent à l’envie la plupart des médias ? Ou plus probablement porteurs de mutation en profondeurs, comme nous invite à le penser un regard basé sur les approches symboliques et énergétiques ?

Faisons un saut au Canada, par exemple, au cœur des Rocheuses, dans l’Alberta, à Banff. Là où il a quelques 11 000 ans les ancêtres des « Premières nations » avaient choisit de s’installer et de pratiquer échanges et cérémonies.


La Montagne des bisons qui dorment est devenu un site sacré. Porteuse d’une énergie qui enrichit un lieu pas banal du tout. Le Centre des Arts de Banff. Créé dans les années 30 pour abriter une école expérimentale de théâtre, c’est maintenant un grand centre culturel pluridisciplinaire consacré aux arts et à l’éducation, très ouvert à la diversité culturelle, et connu internationalement comme centre de formation permanente.

Agir dans un monde complexe
Avec cette originalité de croiser une multitude de programmes dans tous les domaines de l’art, du théâtre aux nouveaux médias, de la littérature au travail de la céramique et la recherche de nouvelles et créatives méthodes de formation en « leadership ». Faut-il traduire par management ? Admettons pour simplifier !
A Banff, on apprend à agir dans un monde complexe, avec des modes de développement qui prennent en compte la nature, l’environnement, la créativité de chacun… On s’adresse ici tout autant à des banques, aux Chemins de fer canadiens qu’au Conseil tribal du Dakota.


Leadership autochtone
Un des département (créé dans les années 70) est consacré à la gouvernance et au management autochtones. Face aux nouveaux enjeux, comment négocier dans tous les domaines, droits sur les terres ou ressources naturelles ? Comment développer des partenariats avec les entreprises en lien avec les problématiques autochtones, créer des institutions qui associent voies contemporaines et valeurs traditionnelles ? Et d’abord comment redevenir autosuffisant économiquement après avoir vu ses communautés détruites et plongées dans la misère par la colonisation ?
Le modèle de leurs programmes c’est le cercle de vie sacré. Les valeurs émotionnelles et spirituelles y ont la même place que le plan social, intellectuel ou physique.



L'énergie du tipi
« J’ai fait un rêve », raconte Janice Tanton, une artiste également responsable du programme de leadership autochtone, (elle n’avait que deux ans lorsque Martin Luther King a fait le sien), « j’ai rêvé que je dessinais un tipi pour le Banff Center, avec les Anciens… ». Le tipi, la maison traditionnelle, est un des symboles essentiels de la culture amérindienne. C’est autour de lui que se tissent les liens de la communauté et les célébrations qui l’entourent les revivifient en permanence. Il existe des « droits » sur les dessins symboliques qui l’ornent, tout comme sur les quatre chants inséparables de ces dessins, et seuls les Anciens peuvent les transférer à un homme ou à une femme.


Pour Janice, un Ancien de la communauté des Pieds-Noirs a permis ce transfert. Lors d’une cérémonie en avril 2009, le nouveau tipi a été légué au Banff Center. Avec ses dessins de montagne pour dire les racines, de bisons pour parler de la connaissance et des ressources naturelles, d’étoiles pour rappeler qu’il faut protéger le futur pour les enfants. Les participants des programmes de formation ont aussi rêvé et créé leur tipi miniature. Pour partager les rêves « de créer un monde meilleur et maintenir leur feu toujours brillant. »