« Imaginer les contours d’une société autre, en explorer les possibles modalités, en décliner tout l’éventail de formes et de figures, en raconter les tours et détours, c’est l’affaire des poètes, des romanciers, des cinéastes, des artistes en général. Mais, parce que l’imagination, voulons-nous croire, est la chose du monde la mieux partagée, c’est aussi l’affaire de chacun, l’affaire de la multitude en tant qu’elle est un «poétariat». »
C’est extrait du beau texte d’un poète et philosophe, Jean-Claude Pinson.
« il vaut la peine, croyons-nous, de louer maintenant ces hommes ordinaires innombrables qui, non seulement s’efforcent à la survie, mais inventent, dans les interstices d’un système mortifère, de nouvelles formes de vie plus adéquates à l’exigence, désormais revendiquée par beaucoup, que chacun puisse se faire «le poète de sa propre existence».
Cherchant à se soustraire à la tyrannie de la marchandise et du spectacle, ces sujets n’attendent plus le «Grand soir». C’est au présent et de façon immanente qu’ils entreprennent de modifier l’état des choses, de faire advenir une autre économie de l’existence et de rendre la terre un peu moins mal habitable. »
On peut lire ce texte sur le blog "24 heures philo".
Jean-Claude Pinson cite D.H. Thoreau, l'écrivain de la nature, le marcheur fou et génial, déja en opposition au milieu du 19e siècle à la société de consommation industrielle : «La seule vraie Amérique, écrit-il dans Walden, est le pays où vous êtes libre d’adopter le genre de vie qui peut vous permettre de vous en tirer sans tout cela [les biens de consommation inutiles], et où l’Etat ne cherche pas à vous contraindre au maintien de l’esclavage, de la guerre et autres dépenses superflues qui directement ou indirectement résultent de l’usage de ces choses.»
L'Amérique va-t-elle se souvenir de Thoreau ?