"l'histoire en conversation" d'un historien indien


Pourquoi ne trouve-t-on pas de spécialistes de la Chine en Inde ou de l’Inde en Chine ?

Pour Sanjay Subrahmanyam,  professeur d’histoire dans diverses universités (New Delhi, Paris, Oxford), actuellement à l’Université de Los Angeles, c’est en raison de la domination occidentale qui a produit ce manque de passerelles avec les pays non occidentaux.
La mondialisation de l’histoire revient toujours, en effet, à parler des rapports entre la Chine et l’Occident, le Japon et l’Occident…

A l’opposé du rêve positiviste qui souhaiterait un traitement objectif de l’histoire de Tokyo à Rio, il promeut une histoire différente selon le lieu où on l’a produit, une histoire « connectée » qu’il appelle aussi « en conversation ». A la fois plus objective — Sanjay Subrahmanyam considère par exemple que Joseph Needham , le scientifique passionné de la Chine, s’est aussi trompé en  en avalant tout ce qu’on lui a vendu ! — et qui cesse de vouloir prouver la supériorité d’une société sur l’autre.



Une histoire dans laquelle on affronterait la complexité du monde en multipliant les points de vue. Car aucune vision ne peut rendre compte de la réalité. Pour lire un portrait de cet historien « voyageur », cliquez ici.
Sanjay Subrahmanyam était l’invité des Rendez-vous de l’histoire de Blois, (consacrée cette année au regard croisé entre Orient et Occident) où il a fait grande impression. On peut lire un entretien ici

Cette idée d’une histoire connectée, sortie de la vision européocentriste est abordée dans le dossier que la revue Sciences Humaines consacre, en ce mois de décembre,  à la mutation du monde sous le titre « Et si on repensait tout ».
SH a décidé de parler d’autre chose que de la Crise (enfin…), des troubles et de la fin temps, en allant explorer les idées nouvelles qui surgissent dans tous les domaines, sciences, sociologie, économie, sciences cognitives...
« Un monde craque, un autre monde accouche… Les croyances d’hier se fissurent, des murs conceptuels tombent. Comme avant un accouchement, on sent que quelque chose se prépare… »
Excellent pour entrer dans une année 2012 qui promet d’être riche en mouvements de fonds. Ceux-ci n’ayant rien à voir avec une « crise » passagère et dont on viendrait à bout grâce à des tours de passe-passe économico-financiers, mais augurant bien  de transformations profondes dont on a sans doute par encore idée.