Croiser savoirs traditionnels et science occidentale



Dernièrement, j’entendais à la radio le commissaire d’un nouveau salon, Planète durable, qui vient de se tenir à Paris. Il s’agit du premier salon consacré au développement durable, et Yvan Lacroix, son organisateur, nous apprenait que tous les « compartiments » de notre vie allaient être concernés. On devait y trouver des produits et des concepts pour citoyens « éco-conscients » qui cherchent à être « vertueusement » verts (je résume un peu).

Au journaliste qui lui demandait s’il existait des salons équivalent « sur terre » (en attendant que ce soit dans l’univers), le commissaire lui répond « non, seulement au Canada ». Ravie de me découvrir une vie ferroviaire, je me suis prise à rêver que mon train de vie me permettait de partir là-bas illico.

Car au Canada justement, loin des salons, des Grenelles de l’environnement, des vies compartimentées, et des concepts vertueux, les Premières Nations, comme on les nomme en Amérique du Nord tentent depuis des années de faire admettre la nécessité d’allier leurs connaissances traditionnelles de la nature et de l'écosystème avec celles produites par la science occidentale. Ces connaissances, ils les nomment les Tek, Traditionnal Ecological Knowledges, savoirs écologiques traditionnels.

Ce qui les distinguent entre autres de la vision occidentale, c’est que justement rien n’est compartimenté, découpé, tranché, séparé. A l'image de la toile de la vie, tout est en interactions constantes. Au Québéc, en Alaska, ils se sont associés en réseau, l’Indigenous Peoples’ Restoration Network pour sauvegarder ces traditions et les associer aux besoins contemporains. Ils travaillent aussi avec leurs homologues (plutôt anglosaxons), Maoris, Aborigènes…

Une amie m’a parlé d’un colloque qui se prépare sur le thème « nature et religion». Beau sujet. Mais va-t-il prendre en compte les visions des sociétés autochtones ? Ou bien se limiter aux « grandes religions » ? On en reparlera dans quelques mois…

Ces deux photos sont extraites d'un
site qui présente les recherches réalisées dans le Nunavut, au Canada, par des chercheurs autochtones et occidentaux. En commun avec les autorités fédérales et provinciales, les communautés inuit, les industriels, ils croisent leurs savoirs sur la gestion des paysages, sur le changement climatique... dans le respect des règles inuit. Le site propose une galerie de merveilleuses photos.

"Je vous parle de moi. Mais vous n'avez pas eu l'idée de me parler de vous, vous voulez juste que j'écrive des histoires me concernant. Je ne pense pas que cela soit juste. Je voudrais savoir des choses sur vos parents et je voudrais apprendre encore d'autres choses. Je suis un vieil homme maintenant, j'ai le droit d'être curieux."
Akuliaq Inukjuak, 1967